Un an d’expérimentation du vaccin antipaludique en Afrique : un nouveau vaccin pourrait stimuler la lutte contre le paludisme au Kenya
Nairobi — Peu conscients du bon augure que représentait l’occasion, un groupe d’enfants grimaçaient de douleur et haletaient alors qu’ils recevaient leurs vaccins. Mais à ce moment-là, alors qu’ils s’accrochaient encore plus à leur mère, ils devenaient les premiers enfants du Kenya à recevoir le vaccin antipaludique grâce à un programme historique d’introduction à titre expérimental dudit vaccin lancé en Afrique il y a un an. Aujourd’hui, en cette Journée mondiale de lutte contre le paludisme, environ 82 000[1] enfants kényans des zones d’expérimentation ont reçu leur première dose de vaccin et bénéficient d’une protection supplémentaire contre le paludisme.
Point sur le programme expérimental de vaccin antipaludique : un an déjà.
En septembre 2019, le ministère de la Santé a lancé le vaccin antipaludique à Ndhiwa, dans le comté de Homabay, l’un des huit comtés de l’ouest du Kenya présentant la plus lourde charge de morbidité liée au paludisme dans tout le pays. Les responsables locaux ont accueilli favorablement le nouvel outil, notant que la réduction supplémentaire de 40 % des cas de paludisme obtenue grâce à la vaccination, en plus de la protection assurée par les moustiquaires, serait une contribution appréciée à l’amélioration de la santé et à l’allégement du fardeau des établissements de santé. La vaccination contre le paludisme dans certaines zones des sept autres comtés de la région a ensuite démarré rapidement.
En 2019, le Ghana, le Kenya et le Malawi ont lancé le vaccin antipaludique dans le cadre de la vaccination des enfants dans certaines zones à transmission élevée du paludisme. Le Malawi a été le premier à le faire en avril, suivi par le Ghana, puis le Kenya. Jusqu’à présent, environ 275 000 enfants au total ont reçu la première dose du vaccin RTS,S dans les trois pays.
Les enfants de moins de cinq ans sont les plus vulnérables à la maladie et, en 2018, ce groupe d’âge représentait 67 % des décès dus au paludisme dans le monde. La majeure partie des décès dus au paludisme dans le monde est enregistrée en Afrique subsaharienne. Au Kenya, 70 % de la population est exposée au risque de contracter le paludisme, qui reste une cause majeure de décès d’enfants.
Pour de nombreux parents témoins de cette occasion singulière à Ndhiwa et dans les autres comtés, les possibilités qu’offre le vaccin de réduire le paludisme chez les enfants sont source de réconfort. La menace du paludisme, maladie mortelle, pèse constamment sur les jeunes enfants de la région.
Le vaccin RTS,S est administré en quatre doses à partir de l’âge de six mois. Il vient compléter d’autres mesures éprouvées de lutte contre le paludisme et, s’il est recommandé pour une utilisation à plus grande échelle, il pourrait bien sauver des dizaines de milliers de jeunes vies en Afrique.
Elian, un jeune garçon qui a récemment fêté son premier anniversaire, a jusqu’à présent reçu trois doses de ce vaccin. « Lorsque votre enfant est en bonne santé, tout le reste semble se mettre en place », fait remarquer la mère d’Elian.
En savoir plus sur cet outil de prévention
Les données probantes et l’expérience tirées de l’expérimentation du vaccin éclaireront les recommandations sur son utilisation à une plus grande échelle. Le programme expérimental va générer des informations importantes sur la meilleure façon d’atteindre les enfants avec les quatre doses de vaccin, les gains en réduction des cas de maladie et de décès qui peuvent en découler, et la sécurité des vaccins lors d’une utilisation ordinaire. Ces informations éclaireront l’utilisation future du vaccin au Kenya, au Ghana, au Malawi et dans toute l’Afrique.
« L’introduction du vaccin antipaludique et le programme nous aideront à en savoir plus sur les possibilités qu’offre cet outil de prévention afin de changer la trajectoire du paludisme, une maladie qui tient le Kenya et l’Afrique dans ses griffes depuis des siècles », a déclaré le représentant de l’OMS, le Dr Rudi Eggers, à l’occasion du lancement du programme.
Comme l’a expliqué le Dr Eggers, le travail abattu depuis 30 ans pour obtenir un vaccin « est un rêve devenu réalité pour de nombreuses personnes – les chercheurs, les experts et dirigeants de la santé publique, les agents de santé, les défenseurs communautaires, les partenaires publics et privés et les populations, ainsi que les enfants et les familles qui ont souffert de la maladie. »
Les services essentiels de lutte et de vaccination contre le paludisme à mesure que la COVID-19 évolue
Le vaccin antipaludique est introduit dans les régions où les enfants courent un risque élevé de contracter la maladie et d’en mourir. Dans ces zones, non moins de 60 % des consultations d’enfants dans les établissements de santé sont liées au paludisme. Le vaccin RTS,S peut réduire les cas de paludisme et de paludisme grave, les hospitalisations et les transfusions sanguines – on s’attend à ce qu’il réduise la mortalité infantile et soulage les systèmes de santé d’un certain fardeau.
Aujourd’hui, dans le contexte de la pandémie de COVID-19, le Dr Eggers salue l’engagement du Gouvernement kényan, du ministère de la Santé et des responsables de la santé, des médecins, des infirmières et des volontaires de la santé communautaire, qui continuent de fournir des services essentiels de lutte et de vaccination contre le paludisme pour protéger la santé de la population d’une manière qui réduit les risques sanitaires pour les agents de santé et les communautés.
[1] Nombre cumulé estimé d’enfants ayant reçu leur première dose de vaccin antipaludique depuis le lancement du programme expérimental jusqu’en avril 2020.
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